mercredi 2 mars 2011

VOLETS

 VOLETS

L’été. Le début de l’après-midi. Les volets fermés. Les stores du deuxième étage tirés. La façade dans l’aveuglement de la lumière. La chaleur comme un tremblement de l’air masquant les quinze fenêtres de la façade.
Le soleil va contre le mur clair et les volets blancs du premier étage en bois plein.
Au rez-de-chaussée, la lumière, en traits crus, alterne avec l’ombre sur les lames des persiennes blanches.
Les premières photos depuis l’intérieur de la maison.
La lumière glisse entre les interstices du bois des volets fermés, installe une pénombre ouatée.
Les fenêtres sont ouvertes, laissant passage au bourdonnement des insectes, à la chaleur. Quelques touches de couleur, vert du feuillage,  emplissent les vides à claire-voie des persiennes. Le bois ligneux occupe l’espace de l’image.

Une seconde série depuis la cour face aux volets fermés. Dans l’avancée de la lumière est photographiée la modification des parts d’ombre et de lumière sur les lamelles inclinées des persiennes.

Une autre série des volets rabattus contre la façade. La lumière descendant derrière les arbres du jardin allonge les ombres ou les dissémine. Sur les volets apparaissent des coups de pinceaux dans leur irrégularité, des coulures, des salissures. Ici une faille, une encoche dans le bois comme une virgule dans la lame émoussée.
Dissemblance au milieu de la répétition, de la régularité des espaces à claire-voie.
Le temps qui passe exalte  la beauté du bois en lutte.
Dans la lumière retombée un air de Satie au piano.

Il y a longtemps, derrière ces mêmes volets, quelqu’un jouait peut-être du piano en suivant les annotations : lent. Très brillant. En s’interrogeant. Du bout de la pensée. En cherchant en vous-même. Pas à pas. Sur le bout de la langue.